L’écriture inclusive, c’est un moyen parmi d’autres de rendre le langage plus neutre pour que chacun·e se sente inclus·e dans la communication écrite. Comme le souligne très bien Enrico Mion dans son Guide de la traduction automatique et de la post-édition, notre époque est faite de contenus qui visent à toucher le plus de personnes possible. Or, trop souvent, la communication ne semble s’adresser qu’à une partie de la population. L’écriture inclusive permet de résoudre ce paradoxe.
Même si je m’intéresse personnellement à ce concept depuis un moment, lorsqu’Enrico m’a demandé de relire son guide et d’y intégrer l’écriture inclusive, c’était la première fois que j’y étais confrontée dans mon métier. Le hasard a voulu qu’une maison d’édition me propose, au cours de la même période, un projet de relecture avec des consignes similaires. J’ai donc dû me familiariser très vite avec ce code.
Au-delà du choix du caractère, cette démarche implique une grande réflexion sur le sens.
Dans les deux projets, nous avons décidé d’utiliser le point médian pour sa lisibilité, mais il n’y a aucune règle fixe et d’autres pratiques existent : le point classique, les parenthèses, l’énumération… Concrètement, moi qui travaille sur PC portable, j’ai dû rapidement m’habituer à utiliser le raccourci ALT+0183 (si, si, on s’y fait) suggéré par l’éditrice avec laquelle je collabore. Et sans pavé numérique physique, je devais à chaque fois m’assurer de verrouiller les chiffres avant d’utiliser la formule magique. Depuis, on m’a également indiqué qu’il est possible de créer un raccourci sur Word et ma vie s’en est trouvée simplifiée ! L’écriture inclusive, c’est donc d’abord une manipulation à maîtriser.
Au-delà du choix du caractère (ici, le point médian), cette démarche implique une grande réflexion sur le sens. J’ai partout cherché à éliminer les mentions de « l’homme » comme représentant de l’espèce humaine, que j’ai remplacées par « être humain » ou « humain ». Parfois, les obstacles qui se sont présentés m’ont amenée à renoncer à l’usage de l’écriture inclusive. C’est le cas dans la partie historique du guide d’Enrico Mion, où nous avons tranché en donnant la priorité à l’exactitude historique. Dans un autre type de document, au contenu féministe par exemple, j’aurais penché pour l’écriture inclusive partout indépendamment du contexte.
La lisibilité est un autre enjeu : nous avons par exemple décidé de conserver le terme « le·la traducteur·rice-post-éditeur·rice » en attendant d’avoir un retour des lecteur·rice·s. J’ai beau être convaincue par ce système, une petite voix me disait parfois que ça compliquait bien les choses.
L’écriture inclusive est une question d’habitude.
Mais comme pour tout, l’écriture inclusive est une question d’habitude, aussi bien dans sa pratique que dans sa lecture. Et un vrai effort pour que TOUT·E·S se sentent inclus·e·s dans les contenus proposés. Un atout non négligeable, selon moi, pour tout·e acteur·rice de la communication qui souhaite vivre avec son temps !
Et en tant que spécialistes des langues, pourquoi ne pas commencer à proposer l’écriture inclusive à nos client·e·s, sous cette forme ou sous une autre ?
Et vous, quelle est votre expérience de l’écriture inclusive ? Avez-vous d’autres raccourcis à proposer pour le point médian ?
Article publié à l’origine sur le blog d’Enrico Antonio Mion, collègue traducteur, le 9 mai 2020. Modifié le 5 octobre 2020.
Pour approfondir :
Agence de communication Mots-Clés. (2019). Manuel d’écriture inclusive : Faites progresser l’égalité femmes · hommes par votre manière d’écrire.
Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes. (2016). Pour une communication publique sans stéréotype de sexe : Guide pratique.